L’Internet sauvera-t-il la planète ?
Nous vivons un profond changement de société, les prochaines années seront celles de choix
engageants. Ces choix vont être décisifs sur tous les plans…
Il nous reste à subir ou prendre en main nos vies.
Ces transformations se jouent sur plusieurs plans. La réalité environnementale est là, avec les changements climatiques aux conséquences dramatiques sur la vie des populations, la pollution des
nappes phréatiques, les désertifications, les pandémies, la disparition de nombreuses espèces végétales et animales… D’autant que la démographie explose, se concentre sur les villes et que des
territoires deviennent inhabitables, poussant ces migrants d’un nouveau genre sur les routes ou les mers.
Parallèlement et selon un calendrier relativement similaire, la communication a pris une place structurante dans une société qui se découvre globale et interconnectée. L’information était il y a
encore quelques années rare, très localisée, elle devient accessible, abondante… presque trop. Dans une courbe d’évolution exactement contraire à celle de l’épuisement des ressources, la
communication nourrit les rêves d’un monde sans hiérarchie, en un éco-système de communautés. Mais les technologies favorisent aussi toutes les atteintes aux libertés, peuvent renforcer les
inégalités, créer de nouvelles fractures sociales et culturelles.
Nos comportements changent dans leur relation à l’économie, au travail. De plus en plus de personnes dans le monde, y compris dans les pays en développement prennent en main leur vie. Ils veulent la
piloter, travailler de chez eux, ou dans des bistrots, ou dans des espaces professionnels partagés. Le métier du plus grand nombre devient l’information et la communication. Grâce aux technologies,
l’économie peut se relocaliser renforçant les relations interpersonnelles. L’obsession devient la baisse des impacts des activités humaines sur la planète (CO2…), grâce aux progrès scientifiques et
techniques, bien sûr, mais aussi des comportements de chacun.
Le logiciel libre propose un modèle social et économique intéressant en rupture avec le modèle ancien du droit d’auteur et de la propriété. Je prends le travail de l’autre, je l’enrichis puis le
transmets à quelqu’un d’autre. Et en plus après l’avoir transmis j’en dispose toujours.
La notion même de possession est en train de changer. On n’a pas besoin de posséder une voiture ou un ordinateur mais de se déplacer ou de se connecter. Evidemment, il va falloir changer profondément
les modèles et encourager la copie, le sample, le pier to pier. La loi Hadopi est une ineptie en matière de développement durable. La notion de droit reste à réinventer.
L’enjeu devient la capacité collective, la relation à l’autre, la capacité à collaborer. La seconde génération d’Internet, que l’on appelle généralement 2.0 (deux-point-zéro), peut permettre de
mettre en œuvre réellement le développement durable dans sa nécessaire simultanéité. Il s’agit de passer une massification des actions. Comme toujours en préparation de profondes révolutions
planétaires, de petits groupes d’individus se regroupent et collaborent pour inventer de nouveaux modèles. Ces dernières années, des communautés se sont intéressées à l’environnement, d’autres aux
populations en graves difficultés sanitaires ou sociales, à la société de l’information, à l’économie numérique, à la lutte contre les changements climatiques…
Elles doivent se rencontrer et s’ouvrir, ce qui n’est pas toujours simple.
Le « Développement durable 2.0 » est le passage à la prise en compte globale, à la collaboration… Pour la première fois, l’ensemble de l’humanité a un ennemi commun, le climat, et une capacité
: agir ensemble à l’échelle de la planète.
La première question est « sommes-nous prêts ? Est-ce que l’éducation prépare à cette société de l’information durable, à la participation à la vie collective, à l’utilisation des outils, à la prise
en charge de sa propre vie ? L’urgence est totale, les outils numériques doivent rentrer dans les écoles, et pas seulement dans des salles informatiques, dans toutes les salles de classes. Les
enseignants doivent aussi comprendre ces priorités du global, du numérique et du durable.
C’est comme cela que nous pourrons revoir nos mobilités, la gestion des bâtiments, les modes de travail, la participation, la démocratie locale, la formation, les comportements…
Une autre priorité est de faire baisser totalement les impacts négatifs des technologies : consommations énergétiques, déchets, problèmes de santé, fractures sociales…
Nous avons aussi à nous mobiliser pour faire comprendre aux responsables politiques, économiques et médiatiques qu’ils doivent changer totalement leurs méthodes de travail, leur conception de la
gouvernance des territoires, s’intéresser réellement aux changements en cours.
Car c’est bien ce qui se joue dans la relation entre technologies de l’information et territoires, la gouvernance de notre corps et de nos vies. Il s’agit de rendre chacun pleinement acteur et même
artiste de sa propre vie. C’est tout le propos du livre Développement durable 2.0. Poser des questions, proposer des pistes de réflexion dans un monde vert et connecté… Tout est possible, même avec 9
milliards de contributeurs à l’humanité. C’est maintenant que nous pouvons le décider et agir. Maintenant.